Barbara Navi

Vit et travaille à Paris

Après une formation de design à l’école Boulle et des études de philosophie, Barbara Navi commence une carrière de peintre professionnel à partir des années 2000.

Ses premiers travaux sont marqués par l’influence de la peinture hyperréaliste où prévaut un motif urbain dépouillé de toute présence humaine.

Aux sentiers désaffectés de la banlieue se substituent peu à peu des paysages forclos où l’apparition inquiète de l’homme se trouve aux prises avec l’équivoque et l’absurdité des situations. Ces paysages sont souvent construits par la juxtaposition des plans hétérogènes provenant d’esquisses et de clichés photographiques.

La mise en œuvre de ces supports iconographiques s’apparente au procédé de libre association des idées et au collage surréaliste. L’artiste fabrique quelques fois des maquettes qui servent de décor aux scènes intérieures ou extérieures des tableaux.

Ce décor est planté à partir d’un amoncellement de bric et de broc dans des lieux fictifs qui se replient sur eux-mêmes. Ce sont quelques fois des lieux dévolus à la représentation, mais qui semblent accueillir un spectacle d’arrière-scène, de coulisse. À ce propos, l’artiste explique :

« J’ai toujours pensé que les antichambres convenaient bien à la nuance de temporalité qui affleure dans mes tableaux. C’est une temporalité de l’imminence. Quelque chose est sur le point d’arriver, mais personne ne sait de quoi il s’agit au juste. Eh bien, dans les coulisses et dans les antichambres, quelqu’un s’apprête à se donner en représentation, quelque chose vise obscurément une voie d’exaucement. Il y a un moment de suspension. Il y a une sorte de fébrilité de l’attente qui laisse présager le pire ou le meilleur. »

Barbara Navi explore notre sentiment d’inquiétante étrangeté face à un monde dont la familiarité, devenue déroutante, suscite notre incompréhension et notre perplexité. Le trouble est alors  directement corrélé au contenu narratif et iconographique des scènes qu’elle peint.

Ainsi, on y voit des nuées de plomb charriant leur essaim de menaces indistinctes ; des eaux d’étain dont la nébulosité suspecte fait craindre la présence d’éléments cachés à haut risque ; incendies, turbulences, effluves, agitation d’une nature en proie à la dérive, mais dont le tellurisme est peut-être aussi une lente conjuration, une catharsis. On voit aussi des cratères qui sont les stigmates de l’accidentalité historique ; des fournaises dont l’embrasement offre le paradoxe d’un flamboiement livide. Tout cela s’inscrit dans un décor où l’apogée du paysage est artifice, mise en scène, – échafaudage donc, mais un échafaudage où la méticulosité de la construction doit toujours servir un imbroglio de monstration.

  • funambule - huile toile 146 x 89 2008

 

     

 

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